Pneumologie
Dupilumab : un risque accru de lymphome qui nécessite une surveillance rapprochée
Le risque de lymphome sous dupilumab est augmenté mais reste peu fréquent. Ce risque ne permet pas de se passe du dupilumab dans l’asthme mais les prescripteurs doivent l’avoir en tête pour programmer une surveillance suffisante. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer le risque de développer un lymphome T ou NK chez les patients asthmatiques traités par dupilumab. Il s’agit d’une étude de cohorte, issue de la base de données de la sécurité sociale, qui regroupe plusieurs milliers de personnes. Les auteurs ont comparé les patients asthmatiques recevant un traitement inhalé seul (corticothérapie ou béta 2 mimétiques) soit près de 700 000 patients, avec les patients asthmatiques traités par dupilumab, soit environ 15 000 patients. Ils ont d’abord comparé l’excès de risque entre les deux groupes puis ont apparié les patients, dans un second temps, pour faire deux groupes équivalents de 15 000 patients, permettant de lisser les comorbidités et tous les autres facteurs confondants.
Un excès de risque de lymphome avéré
Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumo-allergologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, explique qu’il s’agit de données très récentes issues d’une étude de cohorte sur les effets secondaires potentiels du dupilumab. Le dupilumab est habituellement prescrit pour la dermatite atopique et l’asthme. L’excès de risque de lymphome a déjà été décrit dans l’indication pour la dermatite atopique, mais pas pour l’asthme. Laurent GUILLEMINAULT explique que l’excès de risque de développer un lymphome chez les patients asthmatiques traités par dupilumab est de 32%lorsque l’on compare les 15 000 patients traités par dupilumab aux 700 000 patients sous traitement inhalé. Il s’agit de lymphomes T et NK, dont le risque de survenue apparait donc multiplié par 5. Lorsque les auteurs ont apparié les patients en deux groupes de 15 000 sujets pour lisser les comorbidités et les facteurs confondants, les résultats ont été identiques. Aucun excès de risque de cancer solide n’a été démontré. Le risque de développer un lymphome est présent chez les patients qui sont traités depuis au moins 16 semaines.
Ne pas se priver du dupilumab mais sous surveillance
Laurent GUILLEMINAULT explique que les auteurs de ce travail ont analysé le taux de mortalité et ont conclu que le dupilumab diminue la mortalité de 35% des patients asthmatiques, toutes causes confondues. Cet efficacité du dupilumab sur la mortalité met en balance l’excès de risque de lymphome. Laurent GUILLEMINAULT estime que ce travail est très intéressant et selon lui, on ne peut pas se passer du dupilumab dans l’indication de l’asthme malgré l’excès de risque de lymphome. Il est absolument nécessaire de rester attentif au moindre symptôme pouvant faire évoquer un lymphome et de réaliser des bilans réguliers et au moindre doute.
En conclusion, l’excès de risque de lymphome T ou NK chez les patients asthmatiques traités par dupilumab est avéré mais l’efficacité du traitement sur la mortalité incite à poursuivre ce type de prise en charge thérapeutique, en étant beaucoup plus vigilant sur les symptômes des lymphomes et en s’assurant de la réalisation de bilans réguliers.