Maladies cardiovasculaires
Chaleur, pollution, bruit : ces facteurs cachés qui pèsent sur votre cœur
Bruit du trafic, pollution de l'air, chaleur extrême, substances toxiques : ces menaces invisibles augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, selon une étude internationale qui alerte sur leur impact cumulé.

- Par Stanislas Deve
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Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité dans le monde et la deuxième en France, avec quelque 140.000 décès par an, selon Santé publique France. Si l’on connaît bien les risques liés au tabac, à l’obésité ou au diabète, une équipe de chercheurs internationale, menée par l’Université de Mayence en Allemagne, alerte sur un autre ennemi, beaucoup plus discret : les facteurs environnementaux.
Des agresseurs invisibles
D’après leur étude publiée dans Cardiovascular Research, l’exposition chronique au bruit, aux particules fines, aux vagues de chaleur et à certains polluants chimiques peut considérablement abîmer le système cardiovasculaire. "Le bruit peut intensifier l’impact des polluants atmosphériques, et la chaleur agir comme un catalyseur des dommages vasculaires causés par les toxines", explique le Pr Thomas Münzel, cardiologue à Mayence, dans un communiqué.
Dans le détail, le bruit du trafic active la production d’hormones du stress, perturbe le sommeil, provoque hypertension et inflammation vasculaire. La pollution atmosphérique, elle, n’est pas en reste : les particules fines pénètrent dans les poumons puis dans le sang, favorisant le stress oxydatif, les lésions endothéliales et l’athérosclérose. Quant aux vagues de chaleur, comme celles de cette semaine, elles fragilisent surtout les personnes âgées et les patients cardiaques, notamment en ville où l’effet "îlot de chaleur" amplifie le risque d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Enfin, les polluants persistants, comme les pesticides, les métaux lourds ou encore les PFAS, ces "polluants éternels", s’accumulent dans l’organisme via l’eau et l’alimentation, augmentant l’inflammation et altérant les fonctions vasculaires.
Le danger du cumul
Ce n’est pas tout : ce que les chercheurs appellent exposome – la combinaison de plusieurs expositions – amplifie encore davantage les effets nocifs. Les mécanismes biologiques communs incluent le stress oxydatif, l’activation d’enzymes pro-inflammatoires comme la NOX-2 et la dysfonction endothéliale, autant de signaux précurseurs d’infarctus et d’AVC.
Avec ce concept d’exposome, les scientifiques ont désormais une vision globale de l’impact cumulatif des facteurs environnementaux sur la santé cardiaque, ce qui ouvre la voie à des stratégies préventives ciblées. Les auteurs plaident pour des lois plus strictes sur le bruit et la pollution, un urbanisme durable et la création d’espaces verts afin de protéger le cœur de millions de personnes.