Inflammation
Sucre : peut-on alimenter un cancer sans le savoir ?
Si le sucre ne "cause" pas le cancer, sa consommation en excès peut perturber le métabolisme, stimuler l’inflammation et créer un terrain favorable à son développement, selon une équipe d’experts américains.

- Par Stanislas Deve
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Difficile d'y échapper : le sucre est omniprésent dans notre alimentation. Entre 20 et 30 % des adultes et des adolescents français en consomment plus de 100 grammes par jour, soit davantage que les recommandations officielles, selon l'Anses. Et si cet excès était l'un des carburants silencieux de la progression du cancer ? Sans aucun doute, mais il ne faut pas non plus bannir totalement le sucre, selon des experts en oncologie et nutrition interrogés par le média américain Eating Well.
Le danger des sucres ajoutés en excès
Sodas, biscuits, bonbons, mais aussi barres de céréales, sauces, yaourts aromatisés et même pains industriels : les sucres ajoutés se glissent partout. Or, à la différence des sucres naturellement présents dans les fruits ou le lait, ils ne sont accompagnés ni de fibres, ni d'antioxydants. "Le sucre des aliments entiers comme les fruits est absorbé lentement, ce qui stabilise la glycémie", explique Pam Hartnett, diététicienne et coach en rémission du cancer. Les sucres ajoutés, eux, provoquent des pics d'insuline, favorisent l'inflammation et perturbent notre métabolisme.
Le sucre nourrit-il vraiment les cellules cancéreuses ? Oui et non, d’après les spécialistes. Certes, les cellules cancéreuses absorbent le glucose plus rapidement que les cellules normales pour soutenir leur croissance rapide – un phénomène appelé "effet Warburg". "Mais priver totalement le corps de sucre reviendrait aussi à affaiblir les cellules saines", prévient Jamie Baham, nutritionniste et expert en prévention du cancer. Le danger réside plutôt dans l'excès de sucres ajoutés, en particulier sous forme de sirop de maïs riche en fructose. "Contrairement au glucose, le fructose est métabolisé dans le foie, où il favorise l'accumulation de graisses, la résistance à l'insuline et l'inflammation", alerte le Dr Steven Quay.
Inflammation, glycémie et microbiote
L'inflammation chronique est l'un des premiers maillons : "Le métabolisme du sucre génère des sous-produits pro-inflammatoires. Or, plus l'inflammation est élevée, plus la croissance tumorale est stimulée", explique le Dr Daniel Landau, oncologue. Ensuite, les pics de glycémie dérèglent la production d'insuline, une hormone dont les formes élevées stimulent la prolifération cellulaire. Enfin, une alimentation trop sucrée déséquilibre le microbiote intestinal, rendant plus difficile la détection et l'élimination des cellules anormales.
Faut-il bannir le sucre de son assiette ? Pas du tout, répond Hartnett : "L’éliminer entraîne souvent frustration, compulsions et rapport malsain à l'alimentation." La clé reste la modération : privilégiez les fruits entiers aux jus, lisez les étiquettes et remplacez progressivement les boissons sucrées par de l'eau ou des infusions.