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La dyslexie pourrait être un avantage cognitif sous-évalué

Un chercheur estime que la dyslexie, habituellement perçue comme un handicap, est pourtant une force cognitive qui pourrait être bénéfique à la recherche dans de nombreux domaines académiques.

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  • 06 Aoû 2025
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    La dyslexie est régulièrement perçue comme un trouble de la lecture, entraînant des difficultés à déchiffrer des mots ou causant des fautes d’orthographe. Cependant, la dyslexie pourrait se révéler un atout dans le domaine de la recherche, car elle donne une pensée créative ainsi que des capacités de raisonnement visuel-spatial. C’est ce qu’affirme le professeur Edward Ademolu, du King's College de Londres, dans un article publié dans The Conversation.

    La dyslexie serait un atout dans le domaine de la recherche

    "Les esprits dyslexiques ont une façon différente de penser qui leur donne parfois un avantage concurrentiel", indique le spécialiste, lui-même atteint de dyslexie. Leur créativité et leur capacité à visualiser des concepts dans l’espace, à identifier des schémas et à établir des liens entre des idées apparemment sans rapport permettent d’aborder les problèmes sous des angles différents et de proposer de nouvelles solutions, un atout précieux dans le domaine de la recherche. En sciences humaines, par exemple, où l’analyse se concentre sur les récits et les expériences, ce type d'esprit peut aider à résoudre des problématiques plus complexes, avec "un traitement plus holistique".

    Cependant, le monde académique privilégie une approche linéaire, valorisant la rapidité de lecture et d’écriture, la précision des détails et une organisation rigoureuse. "Le milieu universitaire est conçu pour les personnes qui pensent en ligne droite, pas en boucle", estime Edward Ademolu. Cela implique que ces personnes ne sont pas limitées par leur capacité à comprendre des concepts abstraits, mais par des détails de forme, tels que l’orthographe et le formatage. "C'est à ce moment-là que j'ai réalisé : peut-être que le problème n'est pas moi. C'est peut-être le système."

    Valoriser les multiples formes de pensée pour une recherche plus riche

    La dyslexie est souvent assimilée au handicap, considérée comme un "déficit personnel à compenser". Accorder du temps supplémentaire lors des examens ou utiliser des correcteurs d’orthographe sont des solutions fréquemment proposées. Or, selon le Pr Ademolu, les personnes dyslexiques n'ont pas de problème dans leur manière de penser, mais se heurtent aux barrières culturelles et institutionnelles qui ignorent leur diversité cognitive. 

    Pour mieux profiter des talents des personnes dyslexiques, il faudrait dépasser la "simple inclusion" et adopter une "compétence culturelle" ouverte aux multiples formes de pensée. Cela passe par accepter les différences et les valoriser en adaptant les structures de l’enseignement et de la recherche en utilisant d'autres approches.

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    JDF