Psilocybine
Dépression : la Nouvelle-Zélande autorise l’usage médical des champignons hallucinogènes
La Nouvelle-Zélande vient de donner son feu vert à l'usage thérapeutique de la psilocybine, le composé psychédélique des champignons hallucinogènes, dans l'espoir de lutter contre la dépression.

- Par Stanislas Deve
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Les champignons hallucinogènes deviendront-ils un traitement à part entière contre la dépression résistante ? C’est le pari audacieux que fait la Nouvelle-Zélande, en autorisant pour la première fois l’usage médical de la psilocybine, un composé psychédélique naturellement présent dans certains champignons hallucinogènes.
Un protocole médical très strict
C’est une première dans le pays. "La psilocybine reste un médicament non approuvé, mais un psychiatre très expérimenté a été autorisé à la prescrire à des patients souffrant de dépression qui résiste au traitement", a déclaré mercredi 18 juin le vice-Premier ministre David Seymour dans un communiqué. Il a ajouté : "C’est une avancée considérable pour les personnes atteintes de dépression qui ont tout essayé et qui souffrent encore." Malgré cette autorisation, la psilocybine ne deviendra pas un traitement en libre accès. Seuls les psychiatres ayant participé à des essais cliniques sur ce composé pourront, dans un cadre très strict, le prescrire à leurs patients. Cette décision marque une ouverture prudente vers les thérapies psychédéliques, dont l’efficacité, confirmée par plusieurs études ici et là, suscite un intérêt croissant de la part de la communauté scientifique. La Nouvelle-Zélande emboîte ainsi le pas à l’Australie, qui avait dès 2023 autorisé l’usage médical des champignons hallucinogènes, mais aussi de l’ecstasy, pour traiter certains troubles mentaux. Ce mouvement révèle un changement de paradigme dans l’approche des maladies psychiatriques : des substances longtemps prohibées sont aujourd’hui réévaluées à la lumière de nouvelles données cliniques.
Un nouvel espoir pour les patients
Dans le même esprit de libéralisation encadrée, David Seymour a aussi exprimé sa volonté de faciliter l’accès à la mélatonine. Actuellement réservée aux plus de 55 ans et soumise à prescription, cette hormone utilisée pour réguler le sommeil pourrait bientôt être disponible en vente libre en pharmacie - comme c'est le cas en France pour les doses de 1 mg.
Ces mesures symbolisent une prise en compte accrue de la souffrance mentale et une ouverture à de nouvelles solutions. Si l’efficacité à long terme de la psilocybine reste à confirmer, cette expérimentation ouvre la voie à une médecine plus personnalisée.