Personnes âgées

Solitude chez les seniors : une souffrance, mais pas un facteur de mortalité

Souvent accusée de nuire gravement à la santé, la solitude des personnes âgées ne serait pas aussi mortelle qu’on le pense, selon une vaste étude internationale.

  • Jelena83 / istock
  • 18 Jun 2025
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    On la compare parfois à un poison lent et silencieux : la solitude, accusée de nuire autant à la santé que de fumer quinze cigarettes par jour, fait l'objet de nombreuses alertes médiatiques et sanitaires. Mais une nouvelle étude internationale vient nuancer ce constat, du moins chez les personnes âgées vivant à domicile.

    Publiée dans le Journal of the American Medical Directors Association, cette recherche dirigée par l’Université de Waterloo (Canada) a analysé les données de plus de 380.000 personnes âgées de 65 ans et plus, bénéficiant de soins à domicile au Canada, en Finlande et en Nouvelle-Zélande. Objectif : déterminer si la solitude augmente le risque de mortalité à un an. 

    Un risque de décès inférieur chez ceux qui se sentent seuls

    Contre toute attente, les chercheurs ont constaté que les individus se déclarant seuls présentaient un risque de décès inférieur à ceux qui ne se sentaient pas seuls, une fois ajustés les facteurs de santé, d’âge et de dépendance. "Nos résultats suggèrent que la solitude n’augmente pas indépendamment le risque de décès chez les aînés vivant à domicile, explique le Dr Bonaventure Egbujie, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Cela contredit une grande partie de la littérature existante fondée sur la population générale."

    Le taux de solitude varie fortement selon les pays : 15,9 % des personnes interrogées au Canada contre 24,4 % en Nouvelle-Zélande. Fait surprenant, les personnes en meilleure forme physique et recevant moins d’aide de leur entourage sont davantage sujettes à la solitude. Ce constat laisse entrevoir une relation complexe entre isolement perçu, autonomie et soutien social.

    Un enjeu de qualité de vie, plus que de survie

    Pour les auteurs de l’étude, il est essentiel de repositionner le débat. "La solitude représente une menace sérieuse pour le bien-être psychologique. Ses conséquences mentales en font une priorité de santé publique, même si elle ne tue pas", insiste le Dr John Hirdes, co-auteur de l’étude. L’accent devrait donc être mis sur la qualité de vie des personnes concernées, plutôt que sur un lien direct avec la mortalité. Les chercheurs appellent à des études plus poussées pour mieux comprendre les effets à long terme de la solitude sur la santé.

    D’après l’association Les Petits Frères des Pauvres, on estime qu’aujourd’hui en France, deux millions de personnes âgées sont isolées (des deux cercles principaux, famille et amis) et 530.000 personnes âgées sont même en situation de mort sociale, définie par le fait de ne plus avoir du tout de contact avec quatre réseaux (familial, amical, de voisinage et associatif). A titre de comparaison, elles étaient respectivement 900.000 et 300.000 en 2017.

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