Démence
Et si la lumière pouvait traiter Alzheimer ?
Chez la souris, l’exposition quotidienne à une lumière LED spécifique entraîne une amélioration de la fonction cognitive en cas de maladie d’Alzheimer.

- Par Mégane Fleury
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- Artur Plawgo/ISTOCK
Soigner la maladie d’Alzheimer grâce à la lumière ? Cela pourrait devenir une réalité. Dans une recherche parue dans Imaging Neuroscience, une équipe de scientifiques de l’université de Strasbourg montre que des LED permettent de réduire les symptômes de la pathologie chez des souris.
Une diminution de la fluidité cérébrale liée à la maladie d'Alzheimer
"La maladie d’Alzheimer est marquée par des troubles de la mémoire et l’accumulation de plaques amyloïdes, des amas anormaux de protéines qui se forment dans le cerveau. Pourtant, ces dépôts ne suffisent pas à expliquer l’apparition des symptômes", rappellent ces chercheurs du Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives dans un communiqué. En préambule de leur expérience avec la lumière, ils ont analysé l’activité cérébrale de souris atteintes de la maladie à l’aide d’électroencéphalogrammes. Cela leur a permis d’observer une "réduction de la fluidité cérébrale". Ce terme désigne la capacité du cerveau à changer rapidement d’état d’activité. "Ces altérations précèdent l’apparition des plaques et s’accompagnent de troubles subtils de la mémoire associative", indiquent-ils.
À l’aide d’un spécialiste des systèmes climatiques à Paris-Saclay, ils ont utilisé des outils mathématiques développés en météorologie pour étudier les phénomènes extrêmes pour mettre au point un indicateur de fluidité cérébrale.
Maladie d'Alzheimer : les effets de la lumière prochainement testés sur l'être humain ?
Ensuite, ils ont testé les effets d’une thérapie non médicamenteuse développée au Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États-Unis : une stimulation lumineuse à 40 Hz, grâce à un ruban de LED, diffusée une heure par jour pendant deux semaines. Lors de leur essai, ils ont constaté que cette technique permet de restaurer la fluidité cérébrale et d’améliorer de manière significative les performances des souris lors de tests de mémoire. "Mieux encore, ces effets perdurent après l’arrêt de la stimulation, suggérant une reprogrammation durable des réseaux neuronaux", observent-ils.
De précédents travaux réalisés par une équipe du MIT avaient montré l’intérêt de cette méthode, mais cette fois, les chercheurs français ont découvert que la stimulation lumineuse ne vise pas une anomalie isolée liée à Alzheimer mais agit sur la dynamique globale du cerveau, "à la manière d’une mise à jour de système", soulignent-ils. Cette nouvelle thérapie présente l’avantage d’être facile à mettre en place et de ne pas avoir d’effets secondaires connus. Avant de la généraliser, il faudra réaliser de nouveaux essais. Les chercheurs strasbourgeois envisagent de tester l’effet de ces stimulations chez des patients humains. "À priori, cela pourrait marcher, confie Romain Goutagny, directeur de recherches au CNRS et directeur de cette étude à Europe 1. C’est compliqué de parler d’espoir parce que les espoirs sont souvent déçus. On espère que cela ouvrira des pistes."