Pneumologie
GVH pulmonaire de l’enfant : une meilleure détection avec le rinçage multiple à l’azote ?
La réaction du greffon contre l’hôte, dans sa forme respiratoire atteint environ 10% des enfants après greffe de moelle osseuse. Sa détection précoce est primordiale mais certains test comme la spirométrie sont difficilement réalisables chez l’enfant. Le rinçage multiple à l'azote permettrait de détecter plus précocement la GVH pulmonaire chez l'enfant. D’après un entretien avec Christophe DELCLAUX.

Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2025 dans l’ERJ Open Research, a cher hé à comparer deux méthodes de détection de la réaction du greffon contre l’hôte (GVH) pulmonaire chez l’enfant après greffe de moelle osseuse. Les auteurs ont inclus 46 enfants suivis après une greffe de moelle osseuse, entre février 2019 et janvier 2024. Cinq d’entre eux ont développé une GVH pulmonaire. Les 46 enfants ont bénéficié de plusieurs visites chacun (au total, 244 visite ont été effectuées), avec un suivi standardisé, de 60 jours à 24 mois après la greffe, dans le but d’évaluer la sensibilité et la spécificité de la spirométrie et du lavage respiratoire multiple à l’azote. La GVH a été diagnostiquée sur des critères cliniques et tomodensitométriques.
Même faisabilité des deux investigations chez l’enfant ?
Le professeur Christophe DELCLAUX, chef du service de Physiologie Explorations Fonctionnelles Multidisciplinaires et Somnologie à l’Hôpital universitaire Robert Debré, à Paris, rappelle que, chez l’adulte, il existe des critères spirométriques, donc fonctionnels respiratoires, et cliniques pour diagnostiquer la GVH pulmonaire, les critères scanographiques venant en complément. Chez l’enfant, il existe deux méthodes pour détecter la GVH pulmonaire : la spirométrie et le rinçage multiple à l’azote, qui vont amener vers un diagnostic clinique puis scanographique. Dans cette étude, 5 enfants ont développé une GVH pulmonaire sur les 465 enfants greffés, ce qui correspond à une incidence de 10% ,qui est l‘incidence attendue. L’objectif était ensuite d’évaluer la faisabilité des deux types d’investigation, chez des enfants de plus de 3 ans, mais assez jeunes. Christophe DELCLAUX rappelle que la réalisation d’une spirométrie est difficile chez les enfants entre 3 et 6 ans. Les résultats de cette étude ont montré que le rinçage multiple a un taux de succès de 94% versus 78% pour la spirométrie, sur le suivi global. La sensibilité des rinçages était de100% avec une spécificité de 78%. Toutefois Christophe DELCLAUX émet la réserve que les auteurs ont détecté la sensibilité et la spécificité à n’importe quel moment du suivi alors qu’il serait intéressant de savoir si une méthode permet de diagnostiquer plus tôt la GVH pulmonaire que l’autre.
Un intérêt théorique du rinçage multiple à l’azote
Christophe DELCLAUX estime que cette étude suggère l’intérêt du rinçage multiple à l’azote pour diagnostiquer la GVH pulmonaire chez l’enfant, mais san le démontrer de façon formelle. Sa faisabilité étant plus simple qu’une spirométrie chez l’enfant, son intérêt est théorique. Cette mesure est longue puisqu’elle dure environ une heure et ses critères de validité ne sont pas toujours fiables. Christophe DELCLAUX conclue donc que cette étude est intéressante mais qu’elle présente des limites, d’une part par son faible effectif de 5 patients, peu fiable pour déterminer des valeurs de spécificité/sensibilité et dont les intervalles de confiance sont finalement très larges. Pour lui, il n’y a pas de fiabilité statistique extrême, d’autant plus que ce travail est monocentrique.
En conclusion, l’intérêt du rinçage multiple à l’azote pour détecter une GVH pulmonaire chez le jeune enfant est probable mais reste très théorique et ne permet pas un diagnostic formel, qui sera plutôt formulé par la présence de trapping au scanner thoracique. D’autres travaux devraient suivre…