Pneumologie

Nerandomilast, un nouveau traitement pour les fibroses pulmonaires idiopathiques ou progressives ?

 

Les essais multicentriques de phase III montrent que le nerandomilast ralentit le déclin de la fonction pulmonaire dans la fibrose pulmonaire idiopathique et la fibrose pulmonaire progressive, avec des taux d’interruption de traitement en raison d’effets indésirables comparables à ceux observés sous placebo. D’après le conférence de presse  du 13 juin 2025 avec Vincent COTTIN.

  • 10 Jul 2025
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    Deux études, dont les résultats sont parus en mai 2025 dans le New England Journal of Medicine, ont évalué l’efficacité et la tolérance du nerandomilast, un inhibiteur oral préférentiel expérimental de la phosphodiestérase 4B, et son profil de tolérance  dans le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique et des fibroses pulmonaires progressives. Dans les deux études, les patients pouvaient déjà être traités par anti-fibrosants ou non. Les deux essais ont atteint leur objectif principal aux deux doses testées, 9 mg et 18 mg, en démontrant une réduction significative de la perte de capacité vitale forcée (CVF) après 52 semaines de traitement, comparativement au placebo

     

    Une double composante du mécanisme d’action

    Le professeur Vincent COTTIN, coordonnateur du centre de référence des maladies pulmonaires rares de l’Hôpital Louis Pradel, à Lyon,  explique que les résultats positifs des deux essais cliniques de phase 3 sur leur critère principal représentent une avancée majeure, à la fois du point de vue de la recherche scientifique et dans l’intérêt des patients. Le nerandomilast agit par un nouveau mécanisme d’action, qui permet de l’associer aux anti-fibrosants existants, ou de l’utiliser seul. Outre l’effet de ralentissement du déclin de la fonction pulmonaire dans les deux indications, le nérandomilast apporte un bénéfice en termes de survie globale et de réduction du risque d’exacerbations aiguës de fibrose chez les patients atteints de fibrose pulmonaire progressive. Vincent COTTIN ajoute que le nerandomilast a une action via deux mécanismes, à la fois anti-fibrosant  et anti-inflammatoire, ce qui permet de traiter la maladie de manière globale, car de nombreuses pneumopathies interstitielles comportent une composante inflammatoire. Le fait que ce traitement soit bien toléré devrait autoriser une utilisation précoce et prolongée du nerandomilast,  la fois en monothérapie ou associé à d’autres traitements.

     

    Un profil de tolérance satisfaisant

    Dans les deux études, les taux d’arrêt définitif du traitement étaient proches de ceux observés avec le placebo.
    Dans l’essai FIBRONEER-FPI, les effets indésirables ont conduit à l’arrêt définitif du traitement chez 14 % des patients traités avec nerandomilast 18 mg, 11,7 % dans le groupe nerandomilast 9 mg, et 10,7 % dans le groupe placebo.
    Pour l’essai FIBRONEER-FPP, ces proportions étaient de 10 % pour le groupe nerandomilast 18 mg, 8,1 % pour le groupe nerandomilast 9 mg, et 10,2 % pour le groupe placebo.
    L’effet secondaire le plus fréquent était la diarrhée, survenant surtout chez les patients recevant également du nintédanib. Dans les deux essais, aucune différence significative n’a été observée entre les groupes nerandomilast et placebo concernant certains effets indésirables spécifiques, tels que la vascularite, la dépression, le suicide ou les atteintes hépatiques d’origine médicamenteuse.

     

    En conclusion, le nerandomilast a montré une efficacité significative dans les deux essais FIBRONEER de phase III, en ralentissant le déclin de la capacité vitale forcée sur 52 semaines par rapport au placebo. Son profil de sécurité était comparable à celui du placebo, avec peu d’’interruptions de traitement. Des demandes d’autorisation de mise sur le marché ont été déposées aux États-Unis, en Chine et dans l’Union européenne.

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    JDF