Pneumologie
L’horloge épigénétique : prédictrice du développement ou l’aggravation d’une fibrose pulmonaire ?
Une horloge épigénétique accélérée dans la fibrose pulmonaire familiale y compris chez les apparentés serait prédictrice du développement ou de la progression de la maladie, de manière plus pertinente que le raccourcissement des télomères. D’après un entretien avec Aurélien JUSTET.

Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2025, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer si l’horloge épigénétique pouvait constituer un marqueur plus pertinent que la longueur des télomères dans le développement ou de la progression de la fibrose pulmonaire familiale. Il s’agit d’une étude américaine, réalisée à Nashville, au cours de laquelle les auteurs ont inclus 57 patients atteints de fibrose pulmonaires ou apparentés. Ils ont ensuite réalisé une analyse épigénétique et ont calculé un score correspondant à un âge lié au pourcentage de méthylation de certains gènes. Enfin, ils ont cherché à savoir si ce score était corrélé ou non à la diminution de la longueur des télomères.
La longueur des télomères n’est pas le marqueur le plus pertinent
Le docteur Aurélien JUSTET, praticien hospitalier dans le service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Caen, rappelle que l’idée générale est que la fibrose pulmonaire est liée à la senescence, en lien avec les gênes présents dans les télomères, dont la longueur raccourcit avec le vieillissement. Dans les cas des fibroses pulmonaires familiales , jusque-là, l’hypothèse était que la diminution de longueur des télomères, due à des mutations génétiques expliquerait sa survenue ou sa progression. Aurélien JUSTET précise toutefois que des discordances ont été observées entre la longueur des télomères et certaines données cliniques, ce qui laisse entrevoir que le raccourcissement des télomères ne serait pas le meilleur marqueur pour prédire la progression de la fibrose pulmonaire ou le vieillissement pulmonaire. En effet, dans le cas de patients sains mais dont certains membres de la famille sont atteints de fibrose pulmonaire, la présence de télomères courts n’implique pas forcément l’apparition de la maladie.
L’horloge épigénétique serait un marqueur indépendant de la longueur des télomères
Aurélien JUSTET explique que les auteurs de ce travail, en plus d’avoir observé les mutations génétiques survenant sur les télomères, ont évalué les anomalies épigénétiques acquises en vieillissant. La méthylation, qui contrôle l’expression des gènes en affectant leur promoteur. C’est le phénomène d’horloge épigénétique, qui semble plus pertinent pour évaluer l’âge réel d’un poumon. Ils ont ensuite construit un score, qui n’est pas corrélé à la longueur des télomères. Plus ce score est élevé, plus le risque de développer ou de voir s’aggraver une fibrose pulmonaire est important. Ce score est indépendant de tous les autres facteurs de risque, comme le tabagisme par exemple.
En conclusion, les résultats de cette étude apportent un premier signal important concernant les facteurs prédictifs du développement ou de la progression d’une fibrose pulmonaire familiales. L’horloge épigénétique serait alors le meilleur marqueur de la progression de la maladie