Pneumologie

BPCO : les bouchons muqueux comme marqueur évolutif du déclin respiratoire

La présence et l’évolution des bouchons de mucus au cours du suivi est associé au déclin du VEMS dans la BPCO. Ils participent au phénotypage de la maladie mais peuvent aussi être considérés comme un marqueur pronostique et avoir potentiellement un impact sur  la décision thérapeutique. D’après un entretien avec Thierry PEREZ.

  • 24 Jul 2025
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    Une lettre, parue en avril  2025, dans le New England Journal of Medicine, rapporte les résultats de travaux concernant l’évolution des bouchons muqueux au cours de la BPCO. Les auteurs ont émis l’hypothèse que les bouchons muqueux sont associés à déclin rapide du VEMS. Les participants à l’étude inclus dans la cohorte COPDGene étaient tous atteints de BPCO, diagnostiquée par spirométrie, avec un antécédent de tabagisme d’au moins 10 paquets-années. Ils ont bénéficié d’un scanner thoracique pour évaluation des bouchons muqueux à leur entrée dans l’étude et à 5 ans. Les patients ont ensuite été séparés en 4 groupes : ceux qui n’avaient aucun bouchon muqueux, ceux qui avaient initialement des bouchons muqueux mais qui ont disparu au second scanner, ceux qui avaient des bouchons muqueux seulement au second scanner et ceux qui avaient des bouchons muqueux sur les deux scanners. Ils ont parallèlement bénéficié d’une spirométrie à chaque temps.

     

    Les bouchons muqueux seraient un marquer pronostique du déclin

    Le docteur Thierry PEREZ, pneumologue au CHU de Lille, explique que ce travail aborde la problématique de la détection des bouchons muqueux, pouvant désormais être simplifiée par les algorithmes d’intelligence artificielle (van der Veen, Thorax 2025), émergents en imagerie thoracique (analyse cependant visuelle en double lecture dans cette étude). Les bouchons muqueux apparaissent désormais comme un élément important du phénotypage et de l’évolution de la BPCO. Thierry PEREZ fait référence à une précédente étude (Diaz, JAMA,2023), qui démontrait le lien des bouchons muqueux avec la mortalité au cours de la BPCO. Thierry PEREZ précise, qu’ici, le travail de Mettler fait référence à l’impact des bouchons muqueux dans le déclin de  la fonction respiratoire, ce qui est nouveau, et souligne la solidité de l’analyse qui apporte des données convaincantes sur le rôle des bouchons muqueux en tant que marqueurs du déclin du VEMS avec sa valeur pronostique. Le recul de 5 ans apporte une nette significativité aux résultats. Il souligne que les bouchons muqueux ne sont pas significativement liés aux symptômes de bronchite chronique, d’où l’importance de les rechercher systématiquement sur les TDM. Ce travail fait écho à ce qui avait déjà été montré pour les bouchons muqueux bronchiolaires. Pour Thierry PEREZ, ces résultats ont une pertinence clinique majeure car ils pourront prochainement participer au ciblage thérapeutique, notamment avec les biothérapies.

     

     Un phénomène évolutif…

    Thierry PEREZ relève que l’originalité de ce travail réside dans le fait que les auteurs ont montré que les bouchons muqueux ne sont pas forcément présents depuis le début de la maladie et que l’on peut les voir apparaitre, puisque 19% sont apparus dans l’intervalle de 5 ans et s’associent également à un déclin plus rapide du VEMS. Il est utile de tenir compte de ce phénomène évolutif et d’effectuer une analyse quantitative des bouchons muqueux sur chaque TDM de suivi. La présence de bouchons muqueux sur un faible nombre de segments est déjà significative. Thierry PEREZ précise que les auteurs de ce travail ont réalisé une analyse brute du déclin de la fonction respiratoire, sur le seul paramètre des bouchons muqueux sans analyser comparativement le score d’emphysème ou le degré de remodelage bronchique, ce qui peut constituer une limite à cette étude. Des données liant les bouchons muqueux et leur impact sur le choix des biothérapies a déjà été montré dans l’asthme et ces travaux pourraient être extrapolés  à la BPCO.

     

    En conclusion, il est pertinent de regarder de façon plus quotidienne la présence de bouchons muqueux sur les TDM thoraciques au cours de la BPCO car ils sont un marqueur du déclin de la fonction respiratoire et auront potentiellement un impact sur les décisions thérapeutiques. Ces bouchons muqueux risquent de faire couler encore beaucoup d’encre…

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