Pneumologie
Rechercher une dysfonction d’organe devant toute pleurésie
La recherche d’une dysfonction d’organe doit être réalisée devant toute pleurésie, dont l’exploration doit être la plus complète possible. La prédominance des neutrophiles dans un transsudat est associée à une mortalité plus importante dans les 500 jours. D’après un entretien avec Gilles MANGIAPAN.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans l’ERJ Open Research, a cherché à mieux comprendre les pleurésies liées aux dysfonction d’organe (insuffisance cardiaque, insuffisance rénale et insuffisance hépatique). Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée par le groupe IMPACT, qui est nue collaboration de 10 pays, comportant 12 équipes et ayant inclus 877 patients. Au total, 755 patients atteints de pleurésie ont été évalués, dont le diagnostic final devait être lié à une dysfonction d’organe, qu’elle soit cardiaque, hépatique ou rénale. La biologie et la cytologie du liquide pleural ont été observée, couplées à des bilan biologiques sanguins. Les traitements de ces pleurésies ont également été relevés.
Disparition de certains dogmes
Le docteur Gilles MANGIAPAN, pneumologue au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, explique que le groupe IMPACT est une collaboration européenne importante (dont la France ne fait malheureusement pas encore partie), qui s’intéresse aux pathologies pleurales, pour lesquelles les recherches sont encore insuffisantes, notamment en ce qui concerne l’exploration systématique des pleurésies les plus rares. Il précise que certains dogmes vont disparaitre. Par exemple, les résultats de cette étude ont montré que 50% des pleurésies liées à des maladies générales sont unilatérales ce qui implique qu’il faut rechercher une dysfonction d’organe devant toute pleurésie unilatérale. De même, en cas d’insuffisance cardiaque, la pleurésie est plus souvent latéralisée à droite mais cette étude a montré qu’elle pouvait être à gauche dans 20% des cas. Lorsque les pleurésies sont associées à une insuffisance hépatique, une cirrhose est retrouvée dans 70% de cas et il n’y pas d’hypertension portale dans 30% de cas. En cas d’insuffisance rénale, les patients dialysés ne sont pas les seuls concernés par les pleurésies.
Importance de l’exploration cytologique du transsudat
Gilles MANGIAPAN souligne qu’il est nécessaire de s’intéresser à la biologie du liquide pleural et que le taux de protides du liquide pleural doit être mis en rapport avec la protidémie. Il est donc indispensable de réaliser un bilan sanguin pour déterminer s’il s’agit d’un transsudat ou d’un exsudat. Il rappelle également qu’une pleurésie chronique entraîne par elle-même une réaction inflammatoire, et que 20% des pleurésies dues à une dysfonction d’organes était un authentique exsudat. Gilles MANGIAPAN précise que les auteurs se sont également intéressés au traitement de ces pleurésies tels que les traitements généraux par diurétiques, les ponctions itératives, les drainages, les talcages ou encore les drains tunnelisés à demeure (mais qui présentent un risque infectieux non négligeable). Enfin, la présence de plus 50% de polynucléaires neutrophiles à la cytologie d’un transsudat peut être considéré comme un marqueur de mauvais pronostic, avec un risque relatif de mortalité multiplié par deux.
En conclusion, cette étude est fondamentales car elle apporte des réponses claires : devant toute pleurésie même unilatérale, il faut rechercher une dysfonction d’organe et réaliser un bilan biologique complet, il est également nécessaire de rechercher une dysfonction d’organe face à un exsudat et enfin, le taux de polynucléaires neutrophiles supérieur à 50% à la cytologie pleurale des transsudats est un facteur de mauvais pronostic. Il s’agit de la première étude qui apporte une vision aussi large sur les pleurésies associées aux dysfonctions d’organes.