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Deux médicaments anticancer pourraient-ils ralentir le vieillissement ?
Des chercheurs ont découvert qu'une combinaison de deux médicaments anticancéreux, la rapamycine et le tramétinib, prolonge la vie de souris jusqu'à 35 % tout en améliorant leur santé en vieillissant.

- Par Stanislas Deve
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- okskaz / istock
Et si la longévité était à portée de pilule ? Une équipe de chercheurs du Max Planck Institute for Biology of Aging, en Allemagne, ont fait une découverte majeure : l'association de deux médicaments anticancéreux, la rapamycine et le tramétinib, pourrait prolonger la vie des souris de près de 30 %. Ces résultats, publiés dans la revue Nature Aging, relancent le rêve d'une médecine de la longévité.
Un vieillissement moins douloureux
La rapamycine n'est pas une inconnue dans le monde scientifique. Utilisée pour prévenir le rejet d'organes après transplantation, elle est aussi un géroprotecteur reconnu, c'est-à-dire un composé capable de ralentir les processus du vieillissement. Le tramétinib, quant à lui, est un traitement homologué contre le mélanome. Pris seuls, ces deux médicaments prolongent la vie des souris de 5 à 20 %. Mais ensemble, l'effet est spectaculaire : jusqu'à 35 % d'espérance de vie supplémentaire chez les rongeurs.
Au-delà de la longévité, les souris traitées bénéficient d'une meilleure santé en vieillissant. Moins d'inflammations chroniques, une apparition des cancers retardée et une activité physique plus soutenue à un âge avancé. "Le tramétinib, surtout en association avec la rapamycine, est un bon candidat pour être testé cliniquement comme géroprotecteur", souligne Sebastian Grönke, l'un des auteurs de l'étude, dans un communiqué.
Dans le détail, les deux molécules ciblent des voies différentes du réseau Ras/Insuline/TOR, clé dans les processus de vieillissement. La rapamycine inhibe la protéine mTOR, régulatrice de la croissance cellulaire. Le tramétinib agit sur la voie RAS/MEK/ERK, impliquée dans la prolifération des cellules cancéreuses. Ensemble, ils induisent des modifications géniques uniques, non observées avec une administration isolée.
Vers une application humaine ?
Si les résultats sont encourageants, les chercheurs appellent à la prudence. "Nous ne nous attendons pas à un allongement de vie similaire chez l'humain, mais nous espérons que ces médicaments permettront de rester en bonne santé plus longtemps", tempère la professeure Linda Partridge. L'avantage ? Ces deux molécules sont déjà approuvées pour des usages médicaux, ce qui ouvre la voie à des essais cliniques rapides.
Des essais sont déjà en cours pour affiner les dosages et limiter les effets secondaires. Si les promesses se confirment, cette double thérapie pourrait représenter une véritable révolution : non pas vivre éternellement, mais vieillir en meilleure santé. Une belle perspective dans un monde où l'espérance de vie s'allonge, mais pas toujours dans de bonnes conditions.