Alimentation et santé mentale
Dépression : le régime cétogène réduit les symptômes chez les étudiants
Le régime cétogène aiderait à lutter contre les symptômes dépressifs des jeunes.

- Par Sophie Raffin
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- Saminaleo/istock
Entre les défis scolaires, financiers, professionnels et sociaux, la vie étudiante n’est pas toujours douce avec la santé mentale des jeunes. D’ailleurs, 25 % des 15-29 ans ont confié souffrir de dépression lors d’un sondage de l’Institut Montaigne, la Mutualité française et l’Institut Terram publié le 2 septembre 2025.
Ces étudiants pourraient avoir tout intérêt à se tourner vers le régime cétogène, selon une étude menée par Ohio State University et publiée dans la revue Translational Psychiatry, le 10 septembre. Les auteurs assurent que cette alimentation reposant sur la suppression quasi-complète des glucides et une consommation accrue de matières grasses (lipides) réduit les symptômes dépressifs chez les jeunes.
Dépression et régime cétogène : des symptômes diminués de plus de moitié
Pour vérifier si le régime cétogène (aussi connu sous le nom régime keto) a un impact sur la santé mentale des jeunes, les chercheurs ont réuni 16 étudiants présentant des symptômes dépressifs. Ces participants d’un âge moyen de 24 ans ont été formés à l’alimentation cétogène. Il leur était demandé de ne pas manger plus 50 g de glucides par jour, d’augmenter leur apport en graisses et de consommer des "quantités modérées" de protéines. Pour être certain qu’ils suivaient correctement le régime, les 10 premiers repas ainsi que des collations keto ont été fournis. Par ailleurs, les volontaires pouvaient obtenir des conseils nutritionnels via une application. En dernière consigne, il leur a été dit de manger quand ils avaient faim, de s’arrêter quand ils étaient rassasiés et de ne pas se soucier des calories.
Avant de commencer leur régime, les étudiants ont rencontré des médecins et passé une série de tests cognitifs évaluant leur mémoire épisodique et de travail, leur vitesse de traitement, leur fonction exécutive, leur capacité d’attention et leur contrôle inhibiteur. Ils ont par ailleurs rempli des questionnaires et ont été suivis par des professionnels pendant toute la durée de l’expérience.
L’analyse de leurs réponses montre que les scores de dépression autodéclarés ont diminué de 37 % à la deuxième semaine et de 69 % à la semaine 10-12. Le ressenti des volontaires était confirmé par les professionnels de santé. Les évaluations effectuées par les docteurs à la semaine 6 et aux semaines 10 à 12 montraient une baisse de la dépression de l’ordre de 59 % et 71 %, respectivement.
"L'effet moyen des médicaments et du suivi psychologique après 12 semaines est d'environ 50 %, et nous avons constaté un résultat nettement supérieur (avec le régime cétogène)", ajoute le co-auteur Ryan Patel. "C'est un résultat impressionnant : globalement, dans ce contexte réel, l'état de tous les participants s'est amélioré et, globalement, nos volontaires n'ont pas eu besoin de traitement supplémentaire ni d'intervention d'urgence."Keto : un régime prometteur contre la dépression, mais sujet à controverse
Avec sa faible quantité de glucides et son apport en graisse conséquent, le régime keto oblige l’organisme à chercher de l’énergie non pas dans les sucres, mais dans les lipides, en les transformant en corps cétoniques. Un phénomène – qui conduit à brûler beaucoup de graisses – est appelé la cétose. Pour les chercheurs, les bénéfices observés sur la dépression pourraient être liés à ce mécanisme.
"L'idée est que le régime cétogène fonctionne grâce à une variété de mécanismes potentiellement différents. Il y a toute une gamme d'adaptations métaboliques physiologiques à l'alimentation qui pourraient se chevaucher avec une partie de la physiopathologie de la dépression", avance le Pr Jeff Volek, auteur principal, dans un communiqué.Toutefois, si ces résultats sont prometteurs, prudence. Le régime cétogène est une diète très controversée dans le milieu médical en raison des nombreuses carences qu’elles provoquent. "Le régime cétogène peut provoquer des effets indésirables pénibles : nausées, constipation, fatigue, maux de tête, crampes, mauvaise haleine, voire calculs rénaux. De plus, il peut être à l’origine de déshydratation si la personne ne boit pas davantage que d’habitude (au moins 2 litres par jour). Par ailleurs, la suppression des fruits et de certains légumes expose à des risques de carence en sels minéraux, vitamines, oligo-éléments et fibres (ce qui nuit au transit et à la flore intestinale)", prévient le ministère de la Santé. Il ajoute par ailleurs qu’une telle alimentation ne peut pas être suivie sur le long terme.
Il est ainsi essentiel de consulter avant d’entamer un régime afin de s’assurer qu’il n’y aucune contre-indication.