Démence
Alzheimer : s’appuyer sur la vitamine K pour restaurer les neurones
Des chercheurs ont mis au point des analogues de la vitamine K, c’est-à-dire des formes synthétiques, qui pourraient multiplier par trois sa capacité à produire de nouveaux neurones, comparativement à sa forme naturelle.

- Par Diane Cacciarella
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On savait que la vitamine K était bonne pour le cerveau, mais une nouvelle formule pourrait l’être encore plus. Des chercheurs ont mis au point des analogues, c’est-à-dire des formes synthétiques de la vitamine K, qui pourraient multiplier par trois sa capacité à produire de nouveaux neurones, comparativement à sa forme naturelle.
Des analogues de la vitamine K trois fois plus efficaces
De précédentes études ont démontré l’importance de la vitamine K pour la coagulation sanguine, le métabolisme osseux et la santé cardiovasculaire. D’autres plus récentes, comme celle publiée dans la revue Journal of Nutrition, indiquent qu’elle pourrait également participer au bon fonctionnement cérébral et avoir un effet protecteur contre le vieillissement. Dans ces nouveaux travaux, publiés dans la revue ACS Chemical Neuroscience, des scientifiques ont mis au point des analogues de la vitamine K, c’est-à-dire des formes synthétiques.
Sous sa forme naturelle, la vitamine K a un effet réel mais limité sur la régénération des neurones. Avec les analogues, le but des chercheurs était d’atteindre les cellules souches neurales (CSN) qui sont capables de générer de nouveaux neurones et ainsi ralentir la progression de maladies dégénératives comme celle d’Alzheimer.
Ils ont ainsi synthétisé douze analogues hybrides de la vitamine K, dont certains couplés à de l’acide rétinoïque (vitamine A), connue pour favoriser la différenciation neuronale qui permet la production de nouveaux neurones. Le plus efficace, baptisé Novel VK, a réussi à franchir la barrière hémato-encéphalique et à atteindre le cerveau à des concentrations élevées.
Testé en laboratoire et chez la souris, Novel VK a obtenu de très bons résultats. Cet analogue s’est révélé trois fois plus efficace que la vitamine K sous sa forme naturelle pour favoriser la production de nouveaux neurones.
Vers un traitement pour lutter contre la maladie d’Alzheimer
“Les analogues de la vitamine K [que nous avons] synthétisés ont montré une efficacité environ trois fois supérieure à celle de la vitamine K naturelle pour induire la différenciation des cellules souches neurales en neurones, explique Yoshihisa Hirota, l’un des auteurs, dans un communiqué. Comme la perte de neurones est une caractéristique majeure des maladies neurodégénératives telles que celle d’Alzheimer, ces analogues pourraient agir comme des agents régénératifs capables de remplacer les neurones perdus et de restaurer les fonctions cérébrales.”
Cette découverte pourrait bien être la base d’un nouveau traitement pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Mais plusieurs essais cliniques restent à mener avant la commercialisation de ce nouvel analogue de la vitamine K.
“Nos recherches ouvrent une voie potentiellement révolutionnaire dans le traitement des maladies neurodégénératives, conclut Yoshihisa Hirota. Un médicament dérivé de la vitamine K, capable de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ou d’en atténuer les symptômes, pourrait non seulement améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches, mais aussi réduire de façon significative le poids croissant que représentent les dépenses de santé et les besoins de prise en charge à long terme.”
Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), environ 900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui en France.