Enfance
Obésité infantile : informer les parents ne suffit pas pour la prévenir
Les programmes de prévention contre l’obésité infantile à destination des parents n’auraient aucun effet sur le poids des enfants, selon une nouvelle étude.

- Par Diane Cacciarella
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Dans le monde, 38,3 millions d’enfants de moins de cinq ans sont en surpoids ou obèses, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour réduire ce chiffre, de nombreux pays ont mis en place des programmes de prévention à destination des parents. Mais selon une nouvelle étude, publiée dans la revue The Lancet, ils n’atteindraient pas cet objectif et n’auraient aucun effet sur l’indice de masse corporelle (IMC) des plus jeunes.
L’obésité infantile, un problème qui dépasse le seul cadre familial
“L'obésité est en grande partie due à des facteurs environnementaux et socio-économiques, explique Kylie Hunter, co-auteure de l’étude, dans un communiqué. Les parents jouent un rôle essentiel, mais notre étude souligne qu'on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils réduisent à eux seuls l'obésité infantile.”
Lors de leur étude, les scientifiques ont réalisé une méta-analyse de 17 études portant sur plus de 9.000 enfants en bas âge. Plus précisément, le suivi débutait entre la grossesse et l'âge de 12 mois. Ensuite, l’IMC était mesuré à environ deux ans. Celui-ci se calcule en divisant le poids par la taille au carré. Le résultat donne un chiffre qui détermine dans quelle catégorie se situe la personne : surpoids (de 25 à 29,9), obésité modérée (de 30 à 34,9), obésité sévère (de 35 à 39,9), obésité morbide ou massive (plus de 40).
En fonction des essais dans lesquels ils étaient inclus, les participants suivaient des programmes différents de prévention contre l’obésité. Celui mené au Royaume-Uni était composé de huit séances hebdomadaires, dispensées dans des centres pour enfants. Par groupes de huit à dix parents, les professionnels ciblaient les comportements liés à l’alimentation et l'activité physique. Autre exemple, en Australie, les femmes ayant leur premier enfant pouvaient bénéficier de huit visites à domicile réparties sur deux ans, avec des conseils sur des sujets tels que l'allaitement, le moment d'introduction des aliments solides, le temps passé devant un écran et l'activité physique.
Les programmes de prévention contre l’obésité n’ont aucun impact sur l’IMC
Les scientifiques ont voulu mesurer l’impact de ces programmes sur l’IMC des enfants à environ deux ans. Résultats : ils n’avaient aucun effet préventif. “Il existe plusieurs raisons possibles pour lesquelles les programmes actuels centrés sur les parents ne parviennent pas à prévenir l’obésité chez les tout-petits, indique Anna Lene Seidler, co-auteure principale. L'une des raisons pourrait être que la première année de vie d'un enfant peut être bouleversante et stressante pour les parents, ce qui limite leur capacité à s'engager pleinement dans des changements de comportement.”
Les chercheurs ont observé que les familles les plus touchées par l'obésité infantile étaient souvent issues de milieux socioéconomiques défavorisés et avaient généralement moins accès, faute de temps ou de ressources, à des programmes de prévention. Selon les auteurs, changer les politiques et viser plus spécifiquement ces publics pourrait donc avoir un impact important sur la lutte contre l’obésité.
”Une action plus large et mieux coordonnée à l’échelle de la société est nécessaire pour que chacun puisse plus facilement faire des choix favorables à la santé, quel que soit son lieu de vie, souligne Kylie Hunter. En complément du soutien apporté aux parents, il faut mettre en place des politiques cohérentes qui améliorent l’accessibilité financière des aliments sains, élargissent l’accès aux espaces verts et encadrent le marketing des produits alimentaires malsains afin de lutter contre l’obésité infantile.”
Cette année, pour la première fois, la prévalence mondiale de l’obésité chez les enfants et les adolescents de 5 à 19 ans a dépassé celle de l’insuffisance pondérale, selon l’UNICEF. Ils sont désormais 188 millions à en souffrir, soit un sur dix.