Polluants éternels
PFAS : ces polluants invisibles qui font grimper la tension des adolescents
Une étude américaine révèle que l’exposition prénatale aux PFAS, ces polluants chimiques dits "éternels", est associée à une tension artérielle plus élevée à l’adolescence, avec de potentiels effets à l’âge adulte.

- Par Stanislas Deve
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Ils viennent au monde déjà avec un désavantage. Une nouvelle étude américaine alerte sur les effets à long terme des "polluants éternels" – les PFAS, pour substances chimiques per- et polyfluoroalkylées – sur la santé cardiovasculaire des enfants exposés avant la naissance via leur mère. Publiée dans le Journal of the American Heart Association et récemment présentée à la conférence de la Society for Epidemiologic Research, tenue aux Etats-Unis, elle révèle que ces polluants invisibles sont associés à une tension artérielle plus élevée à l’adolescence.
Des substances chimiques omniprésentes et persistantes
Les PFAS sont utilisés pour rendre des produits du quotidien résistants à l’eau, aux graisses ou aux tâches. Présents dans les emballages alimentaires, les poêles antiadhésives, les textiles ou les cosmétiques, ils sont qualifiés d’"éternels" car ils ne se dégradent pas naturellement avec le temps. On les retrouve dans l’eau, l’air, la nourriture et même dans notre sang, avec donc un risque de contamination pour les populations. Des études antérieures ont aussi montré que ces polluants pouvaient affecter le développement du fœtus, selon l'Anses.
L'étude s’est appuyée sur les données de plus de 1.000 enfants suivis pendant 12 ans dans le cadre du Boston Birth Cohort. Elle montre que les enfants nés de mères ayant des taux élevés de PFAS dans leur sang présentent, entre 13 et 18 ans, une tension systolique supérieure de 1,4 à 2,8 percentiles et une tension diastolique supérieure de 1,2 à 2,5 percentiles.
"Notre étude montre que l’exposition prénatale aux PFAS est liée à une pression artérielle plus élevée à l’adolescence, ce qui suggère des effets nocifs persistants", explique Zeyu Li, principal auteur des travaux et chercheur à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, dans un communiqué.Quelles solutions politiques contre les PFAS ?
L’impact des PFAS est beaucoup plus marqué chez certaines populations. "Au fur et à mesure que les niveaux [d’exposition] à ces substances chimiques ont doublé, le risque d'hypertension artérielle a augmenté de 6 à 8 % pour les garçons les enfants nés de mères noires non hispaniques", note l’étude. Selon le Dr Justin Zachariah, pédiatre à Houston, cela peut être lié à des expositions plus fréquentes via des aliments transformés ou des objets du quotidien riches en PFAS. Il rappelle que "ces produits chimiques interfèrent avec les hormones et peuvent perturber le développement adolescent". Comment limiter les risques ? Filtrer l’eau, éviter certains ustensiles ou choisir des produits sans PFAS sont des solutions utiles, mais insuffisantes. "Réduire l’exposition passe par une action politique forte", insiste le Dr Mingyu Zhang, co-auteur de l’étude. Il plaide notamment pour une réglementation plus stricte sur l’utilisation et la surveillance des PFAS, notamment dans l’eau potable.