Accès aux soins
Pourquoi la téléconsultation fait un carton chez les psychiatres
A la veille des assises de la téléconsultation que le gouvernement organise le 27 juin prochain, des statistiques publiées par la plateforme Doctolib montre que ce sont les psychiatres qui utilisent le plus cette pratique.

- Par Paul-Emile François
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Plus de 20% des consultations de psychiatres se font sous la forme de téléconsultations. C'est le chiffre le plus marquant qui ressort de statistiques sur cette pratique publiées le 17 juin par la plateforme Doctolib. Si cette téléconsulation dont la crise sanitaire du Covid avait provoqué une explosion ne représente aujourd'hui, selon l'Assurance maladie, que 2% des actes réalisés par les médecins avec moins d'un million de consultations par mois, elle serait particulièrement utilisée par les psychiatres. 63% de ces spécialistes clients de la plateforme Doctolib y ont en effet recours. Ils arrivent largement en tête, loin devant les pédiatres (46%), les généralistes (42%), les gynécologues (41%) et les dermatologues (29%).
Dégradation de la santé mentale et diminution de l'offre de soins
L'explication de ce succès de la téléconsultation chez les psychiatres est évidemment liée à un phénomène de société, la dégradation de la santé mentale des Français qui intervient alors que les spécialistes sont de moins en moins nombreux aussi bien dans les hôpitaux qu'en ville, une situation qui ne risque pas d'évoluer rapidement alors que cette spécialité n'arrive qu'à la 40ème place des spécialités choisies ur 44 dans les statistiques sur les ECN (examen classant national), lorsque les étudiants en médecine choisissent la spécialité vers laquelle ils s’orienteront.
Les jeunes de 25 à 34 ans sur-représentés dans les téléconsultations
Par ailleurs, les besoins des patients sont souvent caractérisés par l'urgence et il est souvent plus facile pour un psychiatre de dégager le temps d'une téléconsultation plutôt que de trouver un créneau pour un rendez-vous en cabinet. Et, toujours du côté des patients, la maladie mentale restant encore un tabou, il est souvent plus aisé d'envisager un premier contact avec un psychiatre à distance. Enfin, les problèmes de santé mentale touchant particulièrement les jeunes, ceux-ci sont plus à l'aide avec les nouvelles technologies sur lesquelles repose la téléconsultation et il leur est sans doute plus facile de se confier via un écran.
Les statistiques publiées par Doctolib montrent d'ailleurs que 11% des patients ayant téléconsulté en psychiatrie n'ont eu aucune consultation en présentiel dans l'année et que, d'une manière générale, les jeunes adultes de 25 à 34 ans sont sur-représentés dans les utilisateurs de la téléconsultation avec 27,3% alors qu'ils ne représentent que 15,3% des consultations en présentiel.
L'orientation par le médecin traitant n'est pas requise pour les téléconsultations en psychiatrie
Alors que les assises de la téléconsultation doivent se tenir le 27 juin prochain, il est important de rappeler que ce mode d'accès aux soins doit, selon les termes du ministère de la Santé "bénéficier à tous les types de patients, quel que soit leur âge ou leur pathologie ou leur lieu de résidence et que c'est au professionnel médical d’évaluer la pertinence du recours à cette pratique au regard de la situation clinique du patient, de la disponibilité des données de ce dernier ainsi que de sa capacité à communiquer à distance et à utiliser les outils informatiques, et au patient de donner son consentement".
La téléconsultation peut être remboursée par l'Assurance maladie à condition de s'inscrire dans le parcours de soins coordonnés, le patient bénéficiant d’une téléconsultation devant être initialement orienté par son médecin traitant quand la téléconsultation n’est pas réalisée par ce dernier, sauf pour les spécialités d’accès direct : gynécologie, ophtalmologie, stomatologie, chirurgie orale ou en chirurgie maxillo-faciale, psychiatrie ou neuropsychiatrie et pédiatrie.