Fake news
Les vermifuges pour animaux n’ont aucune vertu anti-cancer… mais ils peuvent tuer !
Convaincu par des fake news en ligne, un quadragénaire britannique a ingéré un vermifuge pour animaux censé lutter contre le cancer. Il est décédé d’une grave cirrhose hépatique.

- Par Stanislas Deve
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- Adam Calaitzis / istock
Un Britannique de 45 ans est décédé après avoir consommé du fenbendazole, un médicament vermifuge destiné aux animaux, convaincu par d’obscures théories circulant en ligne vantant ses prétendues propriétés anti-cancer. Une tragédie rapportée par la BBC, qui relance le débat sur les dangers de la désinformation médicale sur Internet.
Une mode alimentée par les réseaux sociaux
En avril 2024, Lee Redpath est admis à l'hôpital d'Addenbrooke, à Cambridge, souffrant de jaunisse et se plaignant d'une fatigue intense. Quelques semaines plus tard, il succombe à une insuffisance hépatique et rénale. Caroline Jones, le coroner en charge de l'autopsie et de l’enquête, a révélé qu'il avait consommé du fenbendazole pendant près de trois semaines, un médicament non homologué pour les humains, acheté en ligne auprès d'un fournisseur ukrainien.
Selon l’enquêteur, M. Redpath avait indiqué aux médecins avoir vu "des vidéos sur les réseaux sociaux vantant les propriétés anti-cancer supposées du fenbendazole". Pourtant, ce produit est un vermifuge strictement destiné aux animaux, notamment pour traiter les infections parasitaires. "Il n'existe aucun bénéfice avéré à prendre du fenbendazole pour traiter le cancer chez l'humain", a rappelé le Dr Gwilym Webb, hépatologue à l'hôpital d'Addenbrooke, auprès de la BBC.
Un terrain de santé déjà fragile
Lee Redpath souffrait déjà de cirrhose hépatique liée à une consommation excessive d'alcool. Les tests ont montré que l'atteinte aiguë du foie était "probablement causée par l'usage prolongé et à fortes doses du fenbendazole". Trop affaibli, il ne remplissait pas les critères pour une greffe de foie. Le Dr Webb a précisé qu'une abstinence de trois mois est nécessaire avant d'envisager une transplantation.
Le verdict : mort accidentelle par consommation d'une substance toxique. Le coroner Caroline Jones a exprimé sa préoccupation face à la circulation massive de fausses informations sur le fenbendazole : "Il est troublant que des affirmations aussi dangereuses soient si largement disponibles en ligne." La compagne de la victime a également appelé à une mise en garde publique contre ce produit.
Face à la tentation de solutions miracles, la vigilance s'impose donc. Toute décision thérapeutique doit être prise avec l'accompagnement de professionnels de santé. Mieux vaut se méfier des remèdes populaires sur Internet : certains peuvent coûter bien plus que leur prix d'achat.