Innovation

SLA : il retrouve la parole grâce à une puce cérébrale

Grâce à des micro-électrodes placés dans le cerveau, un homme atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA) a réussi à parler. Le dispositif permet de transformer l’activité cérébrale en voix. 

  • mi-viri/istock
  • 16 Jun 2025
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    La maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique, provoque une paralysie progressive. La mort des motoneurones, impliqués dans le contrôle des muscles volontaires, en est responsable. Les personnes atteintes perdent, à terme, l’usage de la parole, mais aussi leur capacité à marcher, déglutir ou encore tenir des objets. Dans la revue Nature, des chercheurs  l'Université de Californie - Davis présentent une innovation, au potentiel prometteur pour les patients. Ils ont créé une interface cerveau-ordinateur capable de restaurer les voix des personnes qui ont perdu la capacité de parler en raison de conditions neurologiques. Elle a fait ses preuves dans un essai avec un homme atteint de la SLA.

    Un dispositif cerveau - ordinateur semblable à un appel vocal 

    Cet outil technologique permet de traduire instantanément l'activité cérébrale en voix lorsqu'une personne essaie de parler. Dans cet essai, le patient a pu "parler" via un ordinateur avec sa famille en temps réel, changer son intonation et "chanter" des mélodies faciles. "Traduire l'activité neuronale en texte, c'est ainsi que fonctionne notre précédente interface cerveau-ordinateur, précise Sergey Stavisky, auteur principal de cette étude. C'est une grande amélioration par rapport aux technologies d'assistance standard, mais cela entraîne toujours un retard de conversation. En comparaison, cette nouvelle synthèse vocale en temps réel ressemble plus à un appel vocal."

    Maladie de Charcot : un réseau de micro-électrodes capable de rendre la parole

    Concrètement, quatre réseaux de micro-électrodes ont été implantés dans le cerveau du participant, dans la zone responsable de la production de la parole. Ils sont capables d’enregistrer l’activité des neurones puis de la transmettre à des ordinateurs, qui vont les interpréter pour créer la voix. "L'interface cerveau-ordinateur a pu traduire très rapidement les signaux neuronaux du participant à l'étude en une parole audible jouée par un haut-parleur en un cinquantième de seconde, indiquent les auteurs. Ce court délai est similaire au retard qu'une personne ressent lorsqu'elle parle et entend le son de sa propre voix." Au cours de l’essai, les scientifiques ont constaté que le participant pouvait dire des mots inconnus par le système, faire des interjections et également moduler l’intonation de sa voix, pour poser une question par exemple. 60 % des mots étaient intelligibles, contre 4 % lorsque l’homme n'utilisait pas ce dispositif. "Avec la synthèse vocale instantanée, les utilisateurs de neuroprothèses pourront être plus inclus dans une conversation, estime Sergey Stavisky. Par exemple, ils peuvent interrompre, et les gens sont moins susceptibles de les interrompre accidentellement." L’équipe de UC David espère pouvoir développer cette technologie pour aider davantage de patients. "Notre voix fait partie de ce qui fait de nous ce que nous sommes, rappelle David Brandman, le chirurgien qui a posé l’implant dans le cerveau du patient. Perdre la capacité de parler est dévastateur pour les personnes souffrant de troubles neurologiques."

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