Opioïdes
Analgésiques : quels sont ceux qui présentant le risque le plus élevé de constipation ?
Des chercheurs britanniques ont évalué quels médicaments aux propriétés analgésiques sont les plus susceptibles d’être associés à la constipation chez les personnes souffrant de douleurs non cancéreuses.

- Par Geneviève Andrianaly
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La constipation est un effet indésirable fréquent associé aux médicaments opioïdes, pouvant avoir un impact considérable sur la qualité de vie des patients. En outre, cette diminution de la fréquence des selles liée à une difficulté pour les évacuer, qui est induite par ces traitements, est aussi associée à des séjours hospitaliers plus longs, à des coûts hospitaliers plus élevés et à une augmentation des visites aux urgences. "Chez les adultes nécessitant des opioïdes pour soulager la douleur, le risque associé à certains opioïdes est moins bien connu, compte tenu de leur pharmacologie variée et de l’effet de la dose quotidienne et de la puissance", ont indiqué des scientifiques de l’université de Manchester (Royaume-Uni).
Constipation : la morphine, l'oxycodone, le fentanyl et les opioïdes combinés pointés du doigt
Dans une étude, ces derniers ont donc décidé d’évaluer le risque de constipation sévère par type et dose d’opioïde chez les adultes souffrant de douleurs non cancéreuses admis à l’hôpital. Pour mener à bien les travaux, l’équipe a utilisé les dossiers médicaux électroniques des hôpitaux dans le nord-ouest de l’Angleterre entre le 1er décembre 2009 et le 31 décembre 2020. Au total, 80.475 personnes éligibles âgées de plus de 18 ans et n’ayant pas d’antécédents de cancer étaient éligibles. L'exposition aux opioïdes a été mesurée à partir des informations sur les médicaments administrés figurant dans les dossiers et une constipation sévère a été définie comme l'administration d'un lavement ou d'un suppositoire.
Par rapport à la codéine, la morphine, l'oxycodone, le fentanyl et les opioïdes combinés étaient associés à un risque significativement plus élevé de constipation. En revanche, le tramadol a montré un risque plus faible que la codéine. Selon les résultats, publiés dans la revue BMC Medicine, les patients prenant plus de 50 milligrammes d’équivalent de morphine par jour (une mesure universelle de la concentration des opioïdes) présentaient le risque le plus élevé de constipation sévère.
Une meilleure connaissance des risques pour mieux éclairer les patients
Les auteurs ont souligné que les estimations des taux de constipation dans les dossiers médicaux étaient susceptibles de sous-représenter la prévalence réelle. "En effet, la constipation peut être considérée comme moins grave et donc ne pas toujours être codée, bien qu'elle soit mentionnée. Les patients peuvent également avoir du mal à parler ouvertement de leurs habitudes intestinales avec un professionnel de santé, ce qui les empêche d'en parler en cas d'hospitalisation ou de consulter un médecin lorsqu'ils en souffrent." D’après les scientifiques, la connaissance des risques relatifs permet aux professionnels de santé de mieux adapter les stratégies de prise en charge de la douleur à leurs besoins personnels. "Elle permet également des discussions plus éclairées avec les patients sur la dose et le type d'analgésique à utiliser, y compris le choix d'un médicament présentant le moins de risques, le cas échéant."